Gabon : CECA-GADIS va fermer près de la moitié de ses magasins, un tournant majeur pour la distribution

Le groupe CECA-GADIS, acteur historique de la distribution au Gabon, a annoncé une réduction drastique de son réseau commercial. L’entreprise, qui comptait encore 103 magasins, prévoit d’en maintenir seulement 60, entraînant une restructuration sans précédent et laissant de nombreuses familles dans l’incertitude. Une décision qui confirme l’ampleur des difficultés traversées par ce pilier du secteur agroalimentaire.
Une dégradation progressive ignorée pendant des années
La situation actuelle trouve en partie son origine dans le retrait, en 2018, du soutien financier de l’État. Depuis, aucun plan de transformation n’a réellement été engagé : ni restructuration, ni modernisation du réseau, ni adaptation aux nouvelles contraintes du marché. Cette absence de réaction a aggravé la baisse du chiffre d’affaires et la multiplication des pertes, jusqu’à rendre inévitable une réorganisation profonde.
Alors que les indicateurs économiques se détérioraient, l’entreprise a poursuivi son fonctionnement comme si la crise était passagère. Une stratégie attentiste qui a progressivement affaibli sa compétitivité et épuisé ses marges de manœuvre.
Des territoires désormais privés de leur seul magasin
Au-delà des enjeux économiques, cette fermeture massive touche directement plusieurs provinces. Dans certaines localités, le magasin CECA-GADIS représentait l’unique point d’approvisionnement moderne. Son retrait isole davantage des zones déjà vulnérables, obligeant les habitants à parcourir de longues distances pour accéder à des produits courants tels que le riz, le lait ou les articles d’hygiène.
Cette disparition redessine complètement l’équilibre commercial de plusieurs régions, où le supermarché jouait également un rôle social et économique majeur.
Un modèle de proximité structurellement déficitaire
Pour les spécialistes du secteur, la crise était largement prévisible. Le département Gaboprix, en particulier, enregistrait des pertes depuis plusieurs années. Les magasins de quartier ne parvenaient plus à atteindre une rentabilité suffisante, dans un contexte où la concurrence, l’évolution des habitudes d’achat et les contraintes logistiques imposaient une adaptation rapide.
Là où d’autres entreprises auraient investi dans la modernisation, la maîtrise des coûts ou la digitalisation des ventes, CECA-GADIS est restée figée dans son modèle historique, espérant un redressement spontané.
Une restructuration tardive et un impact social majeur
Confrontée à une situation financière critique, la direction a finalement décidé de recentrer ses activités sur les établissements les plus viables. Ce repositionnement implique la fermeture de plusieurs dizaines de points de vente et un repli stratégique, présenté comme une étape nécessaire pour assurer la survie de l’entreprise.
Mais cette réorganisation intervient tardivement et pourrait entraîner la disparition de plus de 2 000 emplois directs et indirects, avec des répercussions importantes pour les ménages, les petites villes et les villages dépendants du réseau CECA-GADIS.
Une gestion défaillante aux conséquences nationales
La crise que traverse l’entreprise met en lumière plusieurs failles : absence de vision stratégique, retard dans la modernisation du réseau, dépendance aux subventions publiques, faiblesse de l’innovation logistique. Autant d’éléments qui ont fragilisé progressivement un acteur pourtant indispensable à l’approvisionnement du pays.
Au final, c’est toute la chaîne de distribution gabonaise qui se retrouve affectée. Lorsque la gouvernance d’une entreprise aussi centrale se dégrade, les répercussions se font sentir bien au-delà du secteur privé, jusqu’au quotidien de milliers de familles.





