À Libreville, une mère vit depuis vingt ans le calvaire d’un fils paralysé

Au quartier PK-8, dans le sixième arrondissement de Libreville, le silence d’une maison cache une douleur ancienne. Depuis plus de vingt ans, Alphonsine Bouaga vit un drame personnel qu’aucune aide médicale ou spirituelle n’a su apaiser. Ce qui devait être un rituel pour favoriser la fécondité s’est transformé en un cauchemar sans fin.
Tout commence au début des années 2000. Déjà mère d’un enfant, Alphonsine désespérait de ne plus pouvoir enfanter. Sur les conseils d’un féticheur réputé, elle accepte de suivre un rituel censé lui garantir la naissance de jumeaux.
« Ils m’ont dit, confesse-t-elle, j’ai confessé. J’ai eu deux œufs, on m’a dit de les casser, j’ai mangé. Le mois qui suivait, j’ai eu un retard », raconte-t-elle avec amertume.
Mais quelques mois après l’accouchement, le rêve tourne au drame. L’un des bébés meurt avant même de venir au monde. L’autre, Andy Mbamba Mouyola, grandit normalement jusqu’à l’âge de cinq ans, avant que les premiers signes inquiétants n’apparaissent : raideurs musculaires, perte de motricité, puis paralysie totale.
« Je pleure tous les jours quand je vois cet enfant-là. À l’hôpital, on m’a dit qu’on n’avait pas de solution pour lui », confie la mère, la voix brisée.
Aujourd’hui âgé de 26 ans, Andy est allongé en permanence, incapable de marcher, de parler ou de voir correctement. Sa mère, épuisée, continue de veiller sur lui jour et nuit.
« Des fois, je n’arrive même pas à le laver. J’ai déjà la trousse au dos, je ne me sens pas bien. Je demande juste de l’aide, s’il vous plaît », implore-t-elle, le souffle court.
Autour d’elle, le quartier s’interroge. Certains y voient un maléfice, d’autres une maladie dégénérative que la médecine locale n’a jamais su identifier. Aucun hôpital, qu’il soit public ou privé, n’a pu poser un diagnostic clair. Les années passent, et le dossier médical d’Andy demeure une énigme.
Alphonsine affirme avoir tout tenté : prières, traitements hospitaliers, tradipraticiens… Rien n’a fonctionné.
« Je demande à Papa Oligi et à sa femme de m’aider à trouver une solution. Là, c’est trop fort pour moi. Je suis déjà malade », supplie-t-elle encore.
Dans cette maison où la vie semble suspendue, la foi reste son dernier refuge. Les cris de son fils, parfois, résonnent dans la nuit comme un écho de souffrance. Et malgré la fatigue, cette mère garde l’espoir d’un miracle médical ou spirituel, pour briser enfin le sort qui pèse sur sa famille.