Politique

Les dirigeants du Gabon et de la Guinée équatoriale annoncent un comité pour régler la crise de l’île Mbanié

L’annonce de la création d’un comité conjoint d’experts entre le Gabon et la Guinée équatoriale revêt une importance diplomatique indéniable, bien que ses répercussions concrètes restent encore à évaluer avec discernement. Lors d’une visite officielle à Malabo, le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema et son homologue Teodoro Obiang Nguema ont convenu de former ce comité dont la mission sera de trouver une solution “pacifique et définitive” au conflit frontalier portant sur l’île Mbanié.

Cet engagement est perçu comme un pas vers la résolution par le dialogue, mais il intervient dans un contexte où les tensions autour de ce dossier ne sont pas nouvelles. L’île Mbanié, bien que petite, est stratégique et incarne depuis des décennies les rivalités de souveraineté entre Libreville et Malabo. Plusieurs tentatives de médiation ont échoué ou ont été reportées, suscitant des interrogations sur la véritable volonté politique des deux parties.

Un comité d’experts : innovation ou stratagème ?

Le comité annoncé sera composé de techniciens et de juristes des deux nations, avec pour objectif de trouver une solution concertée, loin de la judiciarisation du conflit. Une approche saluée par certains observateurs, qui y voient un moyen d’éviter l’escalade vers des tribunaux internationaux. Cependant, dans les milieux diplomatiques, des voix s’élèvent pour se demander si ce comité ne représente pas une fois de plus une manœuvre dilatoire, destinée à gagner du temps sans apporter de réponses concrètes au problème de fond.

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Un spécialiste des relations internationales en Afrique centrale commente : “Nous avons déjà vu des déclarations similaires par le passé, qui n’ont jamais abouti. Le succès de ce comité dépendra de sa capacité à fournir des résultats tangibles dans un délai précis.”

Une paix de façade ? La tension sous-jacente persiste.

Malgré des discours rassurants, la méfiance entre les deux capitales demeure. Le dossier n’est pas seulement une question de politique mais aussi d’économie : les eaux autour de l’île Mbanié sont potentiellement riches en ressources halieutiques et en pétrole, rendant toute négociation encore plus délicate.

Dans cette optique, bien que l’intention de résoudre ce conflit par la négociation soit louable, elle devra être accompagnée de transparence, d’un calendrier précis et de garanties mutuelles. Sinon, ce comité pourrait bien rejoindre la longue liste des mécanismes de coopération régionale sans effet réel.

Une visite symbolique, mais manquant de précisions.

En parallèle de la signature de plusieurs accords bilatéraux (sur des sujets tels que la diplomatie, la sécurité, la culture et le sport), cette visite officielle marque la première du président Oligui à Malabo depuis son arrivée au pouvoir. Elle s’inscrit dans une stratégie de redéploiement diplomatique du Gabon, soucieux de renforcer son image sur la scène régionale. Toutefois, aucun détail n’a été fourni concernant les délais, le financement ou la composition exacte du comité.

Le président gabonais participera également à la 26e session ordinaire de la CEEAC le 7 juin, avec pour thème “Consolider les acquis de la réforme de la CEEAC”, un sujet qui résonne avec les ambitions d’intégration régionale, souvent affichées mais rarement concrétisées.

Vers une diplomatie de résultats ?

Si cette initiative marque une volonté politique de sortir de l’immobilisme, elle devra s’accompagner de mesures concrètes et d’un engagement ferme des deux pays. Dans ce type de conflit latent, la paix ne se résume pas à une simple déclaration, mais à un processus exigeant et rigoureux, sans place pour l’improvisation ni la procrastination.

Le comité d’experts pourrait bien constituer une avancée historique… ou, au contraire, être une nouvelle occasion manquée, si la volonté politique n’est pas suivie d’une méthodologie stricte, d’une feuille de route transparente et d’un engagement réel à mettre fin à ce dossier. Les peuples gabonais et équato-guinéens, quant à eux, attendent des actes, non des promesses.


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