Oligui Nguema au Maroc : Une pause avant la bataille électorale ?

Rabat, capitale marocaine empreinte de prestige, ses palais, ses hôtels de luxe, son climat agréable… et désormais, un invité de marque en quête de discrétion. Depuis la soirée d’hier, Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition gabonaise, a posé ses valises dans la ville impériale. L’objectif annoncé : un séjour privé, loin des tumultes de Libreville. Mais, derrière cet objectif apparent, des interrogations légitimes surgissent.
Un séjour privé… vraiment ?
D’après une source diplomatique, confirmée par le Palais présidentiel, le chef du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) se trouve au Maroc dans un cadre strictement personnel. Officiellement, aucun objectif politique, aucun rendez-vous diplomatique. Juste une pause bien méritée après dix-huit mois d’une transition menée à un rythme soutenu. Mais pourquoi ce besoin de fuir la chaleur gabonaise à deux mois des élections présidentielles d’avril ?
La réponse la plus évidente : souffler avant la tempête. Diriger une transition, surtout quand un scrutin crucial approche, demande une préparation intense. Selon plusieurs analystes, Oligui Nguema pourrait bien se déclarer candidat dans les prochaines semaines, probablement en mars. En d’autres termes, ce séjour marocain pourrait bien être un stage préparatoire avant l’offensive électorale.
Le Maroc, un choix stratégique ?
Le choix du Maroc n’est pas anodin. Oligui Nguema connaît bien ce pays, où il a fait ses études à l’Académie militaire de Meknès. Le Maroc est un allié traditionnel du Gabon, mais il est intéressant de noter que le président marocain, Mohammed VI, n’a pas cherché à rencontrer Oligui Nguema lors de son précédent séjour en juillet 2024, après la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris. Cette fois-ci encore, aucune rencontre royale n’est prévue. Une bouderie diplomatique ?
Il semble que cette distance soit une manière de montrer une certaine prudence de la part du souverain marocain. L’instabilité post-putsch et l’incertitude concernant l’avenir politique d’Oligui Nguema rendent toute reconnaissance officielle délicate. Rabat, pragmatique, préfère probablement attendre l’issue des élections présidentielles avant de se prononcer.
Les vacances du général : luxe, tranquillité et interrogations
Alors que Libreville est en effervescence autour des spéculations concernant l’avenir politique d’Oligui Nguema, ce dernier se repose dans un hôtel de luxe, accompagné de son épouse, Zita Oligui Nguema, qui l’avait précédé. Un moment de détente familiale, loin des campagnes électorales qui commencent à prendre forme au Gabon. Mais, à quelques semaines de la présidentielle, peut-on vraiment se permettre de prendre un repos ?
La question qui reste ouverte : Oligui Nguema se présentera-t-il ou non aux élections d’avril ? Officiellement, rien n’est décidé. Mais, officieusement, tout semble s’organiser pour un scénario où l’ex-putschiste pourrait bien troquer son uniforme militaire pour un costume civil. Ou bien cette escapade marocaine ne serait-elle qu’une simple récréation avant une annonce de dernière minute ?
Oligui Nguema, futur président ou futur ex-président ?
Ainsi, le Maroc offre à Oligui Nguema non seulement un moment de répit, mais aussi un espace stratégique pour prendre du recul. Il peut observer la situation de loin, évaluer les rapports de forces, sonder les soutiens, et se préparer pour l’avenir politique. Une pause active, en somme.
À Libreville, on attend avec impatience de savoir si l’avion du général reviendra avec un candidat à son bord. La réponse ne devrait plus tarder. Mais une chose est certaine : au Maroc, Oligui Nguema n’aura pas trouvé que du soleil, il aura également vu le reflet de son propre avenir politique.