Gabon : Trois personnes arrêtées à Port-Gentil pour trafic de cinq pointes d’ivoire

Le 20 juillet 2025, une opération conjointe menée par la Direction de la Lutte Contre le Braconnage (DLCB), la Police judiciaire (PJ) et l’ONG Conservation Justice a permis d’appréhender trois présumés trafiquants en possession de cinq pointes d’ivoire. Cette nouvelle saisie remet sur le devant de la scène la question de la traçabilité des trophées fauniques au Gabon et révèle les failles dans les systèmes de surveillance.
Des profils inattendus dans un réseau bien organisé
Les trois hommes arrêtés sont tous de nationalité gabonaise. D’après les premières constatations, deux sont issus des secteurs agricole et halieutique, tandis que le troisième aurait usurpé l’identité d’un agent des Eaux et Forêts, voire d’un employé du Parc National de Loango. Il aurait pour cela profité d’une formation d’écogarde abandonnée à Lopé, ce qui lui aurait permis de connaître les règles de protection de la faune et les techniques de dissimulation utilisées par les braconniers aguerris.
Pris sur le fait lors d’une vente illégale à Port-Gentil, les trois hommes ont été placés en garde à vue dans les locaux de la PJ. Ils devraient bientôt comparaître devant le Parquet Spécial de Libreville. Ils encourent jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et des amendes pouvant aller jusqu’à cinq fois la valeur des produits saisis, conformément aux articles 390 et 398 du Code pénal gabonais.
Un braconnage de plus en plus technique
L’enquête a mis en lumière que l’un des éléphants tués l’a été à l’aide de pièges spécialisés, illustrant un raffinement croissant des méthodes utilisées par les braconniers. Fait tout aussi alarmant, les pointes d’ivoire auraient circulé à travers plusieurs provinces sans être détectées, preuve d’un réseau structuré et d’un manque d’efficacité dans les contrôles territoriaux.
Un responsable de Conservation Justice alerte : “Il est impératif de renforcer les mécanismes d’enquête et les contrôles de terrain”, tout en rappelant que “la lutte contre le braconnage n’est pas seulement une bataille écologique, mais un enjeu de souveraineté”.
Alors que Port-Gentil, la capitale économique du pays, s’impose comme un carrefour stratégique du trafic d’espèces, cette affaire souligne la nécessité d’une réponse institutionnelle ferme, tant au plan judiciaire qu’en matière de politique publique, afin de protéger le patrimoine faunique national.