Une opération de 48h à Libreville expose l’ampleur de l’exploitation des mineurs

Les 11 et 12 décembre derniers, une opération de grande envergure a été menée dans le Grand Libreville pour lutter contre l’exploitation des mineurs. Cette initiative, orchestrée par la Direction des affaires sociales, de la protection de l’enfance et de l’assistance judiciaire (DASPEAJ), le parquet de la République et les officiers de police judiciaire (OPJ), a permis l’interpellation de 46 mineurs. Sept d’entre eux ont été placés en garde à vue en raison de faits graves d’exploitation, de négligence et de mauvais traitements.
Des zones sensibles ciblées
Sous la direction de Gladys Maganga Amoussou, la mission s’est concentrée sur plusieurs points stratégiques de Libreville : Nzeng-Ayong, la gare routière, le marché Mont-Bouët, Awendjé, le Carrefour GP, et le Carrefour Louis. Ces lieux sont régulièrement identifiés comme des zones à risque où des enfants en situation de rue ou de vulnérabilité sont souvent signalés. Sur place, les équipes mixtes ont procédé à des contrôles, constatations et signalements, tout en orientant certains enfants vers une prise en charge sociale ou une saisine du Parquet.
Selon la DASPEAJ, seules les personnes prises en flagrant délit de consommation de drogues ou d’alcool, ou clairement soumises à des formes d’exploitation, ont fait l’objet de mesures coercitives. Les autres ont été recensés, entendus et, dans de nombreux cas, renvoyés vers leurs familles avec un rappel strict aux obligations parentales.
Un réseau d’exploitation derrière l’opération
Sur les 46 mineurs interpellés, les parents de 35 enfants se sont présentés aux services sociaux, et après avoir été rappelés à leurs responsabilités, leurs enfants ont été libérés. Cette étape de médiation a été jugée essentielle par la DASPEAJ pour souligner la responsabilité des familles dans la protection de leurs enfants.
Cependant, les sept enfants maintenus en garde à vue représentent l’aspect le plus préoccupant de l’opération. Parmi eux figurent trois garçons burkinabè, trois jeunes filles togolaises, et un garçon nigérian de 15 ans. Tous ont déclaré être victimes d’exploitation et de mauvais traitements par un réseau encore non identifié. Leur profil et les premières informations recueillies laissent supposer l’existence d’un réseau structuré de traite ou d’exploitation des mineurs, impliquant du travail forcé, de la mendicité organisée et d’autres formes d’abus.
Renforcement des mesures de prévention et répression
L’intervention du Parquet de la République, représenté par le substitut du procureur Mengue Ogandaga Vanida Charline, avait pour objectif à la fois de sanctionner et de prévenir. L’initiative visait à renforcer la collaboration entre les services sociaux, les autorités judiciaires et les forces de sécurité, conformément au Code de l’enfant gabonais et au Code pénal, qui interdisent l’exploitation des mineurs, les violences à leur encontre, ainsi que la fourniture de substances illicites.
Au-delà des chiffres, cette opération de 48 heures met en lumière un phénomène qui va bien au-delà de simples « cas isolés ». Elle révèle l’urgence d’agir pour protéger les enfants, de lutter contre l’exposition aux drogues et à l’alcool, et de démanteler les réseaux d’exploitation qui profitent de la misère des plus jeunes. Il s’agit également d’un enjeu de sécurité publique et de cohésion sociale, dans une capitale marquée par la précarité et une urbanisation mal maîtrisée.
Une poursuite des actions de sensibilisation
Les autorités ont promis de continuer ces opérations et d’intensifier les actions de sensibilisation auprès des familles, commerçants, transporteurs et leaders communautaires. Toutefois, il est impératif de passer à une politique durable de protection de l’enfance, capable de prévenir ce phénomène plutôt que de seulement constater les faits, et de démanteler les réseaux qui prospèrent sur le dos des enfants.





