Gabon : Jessye Ella Ekogha libéré discrètement de la prison après une longue hospitalisation

Jessye Ella Ekogha, l’ancien porte-parole de la présidence gabonaise, a été discrètement libéré provisoirement après une longue hospitalisation. D’après Jeune Afrique, il a été transféré de la prison centrale de Libreville à l’hôpital militaire Omar-Bongo-Ondimba en raison de sa santé déclinante. Le 14 mai dernier, la justice a décidé de sa libération provisoire pour lui permettre de recevoir des soins médicaux appropriés.
Proche de Noureddin Bongo Valentin, Jessye Ella Ekogha avait été arrêté après le coup d’État du 30 août mené par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) sous la direction du général Brice Oligui Nguema. Membre influent de la « Young Team », il avait été incarcéré avec ses alliés, dont Ian Ngoulou, les fils Oceni, et Cyriaque Mvourandjiami, tous accusés de « haute trahison contre les institutions de l’État » et de « détournements massifs des deniers publics ». Alors que ses compagnons restent en détention préventive, Jessye Ella Ekogha a bénéficié d’un traitement de faveur avec cette libération provisoire.
Jessye Ella Ekogha, 36 ans, a la double nationalité française et gabonaise et est connu pour sa proximité avec Sylvia Bongo Ondimba. Selon Jeune Afrique, « il avait dirigé la communication de sa fondation avant de devenir conseiller spécial à la présidence en novembre 2019 ». Il avait succédé à Ike Ngouoni Aila Oyouomi, qui avait été condamné pour détournement de fonds publics dans le cadre de l’opération anticorruption « Scorpion » et libéré le 3 avril.
Cette libération provisoire de Jessye Ella Ekogha suscite des controverses. Il est accusé d’avoir menacé des journalistes de fermeture de leurs médias. Fils de Jean-Claude Ella Ekogha, ancien chef d’état-major général des armées, Jessye Ella Ekogha est diplômé de l’école militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Sa libération pourrait être vue comme le résultat de solidarités militaires, renforcées par ses relations familiales et son parcours personnel.
Avant son arrestation, Jessye Ella Ekogha contrôlait la communication du Palais du bord de mer avec une autorité stricte, en contraste avec son prédécesseur Ike Ngouoni. Il avait mené une véritable guerre contre les médias indépendants, violant souvent les règles d’éthique et de déontologie journalistiques. Sous son mandat, plusieurs médias avaient été créés pour attaquer les opposants médiatiques. De plus, il est accusé d’avoir exclu de nombreux organes de presse des événements officiels et de priver de publicité les médias critiques envers Ali et Sylvia Bongo.
Le dernier scandale en date lui serait imputé : il aurait ordonné à Rodrigue Mboumba Biwaou, ministre de la Communication, de suspendre internet et les chaînes internationales diffusant au Gabon avant l’annonce des résultats des élections générales d’août dernier.
La libération provisoire de Jessye Ella Ekogha pourrait provoquer un tumulte médiatique dans les jours à venir, révélant les dynamiques de pouvoir et les jeux d’influence au sein du gouvernement gabonais. La presse nationale et internationale suit de près cette affaire, prête à en dévoiler les dessous complexes et les implications politiques.